Après deux campagnes olympiques et une participation auréolée de succès sur la Red Bull Youth America’s Cup, Jason Saunders a rejoint l’Orient Express Racing Team au poste de régleur de l’AC40 et de l’AC75 tricolore. Un rêve qui se réalise pour le marin néo-zélandais, dont l’enfance et l’adolescence ont été bercées par l’America’s Cup.
Originaire de l’île du nord en Nouvelle-Zélande, Jason Saunders débute la voile à neuf ans. Si ses parents naviguent un peu pour le plaisir, c’est à bord d’un vieil Optimist stocké dans le garage de son grand-père qu’il tire ses premiers bords. Piqué par le virus de la voile, il commence à régater au Tauranga Yacht Club & Powerboat Club, « un super club doté d’un bon niveau », avec un certain Peter Burling. « J’adore la voile. Ça permet d’être tout le temps dehors et ça change tout le temps. Aucune navigation ne se ressemble à cause de la météo. On apprend énormément en permanence », commente-t-il. P Class, Starling, 420 : Jason Saunders passe vite sur des supports plus grands avant de se tourner vers le 470 après un passage éclair en Laser.
En parallèle, il fait ses études en business à Auckland tout en donnant la priorité à la navigation. Ses bons résultats et son appétence pour la compétition l’amènent très vite à voyager de plus en plus en Europe, où il participe à plusieurs Championnats du monde 420. Puis de 470 avant de débuter une première préparation olympique en 470 en 2009. En ligne de mire : les Jeux Olympiques de 2012 où il termine 5e avec Paul Snow-Hansen. « On avait 21 ans et aucune attente. On voulait bien sûr faire un bon résultat, mais on ne s’attendait pas à faire aussi bien », raconte-t-il. L’année suivante, il participe à la Red Bull Youth America’s Cup à San Francisco avec l’équipe néo-zélandaise. Une expérience qui lui permet de mettre un premier pied dans l’America’s Cup. « J’ai découvert le monde de la Coupe. On voyait les Néo-Zélandais travailler et naviguer sur les gros bateaux. C’était super intéressant. On avait une très bonne équipe. On a fait une belle performance, on était contents », indique-t-il. Fort de sa victoire sur Red Bull Youth America’s Cup, Jason repart pour une nouvelle préparation olympique, en Nacra 17 cette fois. « J’avais envie de naviguer sur un bateau plus rapide, de me lancer un nouveau challenge », confie celui qui participe aux Jeux Olympiques de Rio 2016 avec Gemma Jones. « On était bien préparés. J’avais plus d’attentes qu’en 2012 car je savais que l’on avait les armes pour être sur le podium. Ce n’est pas passé loin car on a terminé à quelques points des premiers. Notre 4e place a été dure à digérer, j’ai mis longtemps à l’accepter », confie-t-il.
En 2016, Jason quitte son pays natal pour la France, où il rejoint Manon Audinet, sa compagne, à La Rochelle. Sur place, il apprend le français et enchaîne les régates en France dont le Tour Voile, tout en se lançant dans une nouvelle préparation olympique. Malgré quelques bons résultats en Nacra 17 dont une 4e place au Championnat du Monde en 2017, il jette l’éponge en 2019. « J’étais un peu dégoûté de la voile. J’ai passé quasi un an sans naviguer. Enchaîner les préparations olympiques nécessite beaucoup d’énergie, et je n’en avais pas assez pour me lancer dans un autre projet à ce moment-là », poursuit-il. Malgré tout, Jason se lance un nouveau défi et pas des moindres : terminer un Ironman, ce qu’il réalise en Nouvelle-Zélande avec son frère en 2021. Cette même année, il signe son retour dans la voile sur SailGP en remplaçant son compatriote Blair Tuke sur deux Sail Grand Prix au sein de New-Zealand SailGP Team. « Peter Burling m’a demandé si je pouvais remplacer Blair pendant les Jeux Olympiques de Tokyo auxquels ils participaient tous les deux en 49er. J’ai ensuite fait un Sail Grand Prix avec les Américains. J’ai beaucoup appris en naviguant en F50. C’est un bateau complètement différent de ceux sur lesquels j’avais l’habitude de naviguer, avec les ailes rigides, beaucoup d’hydraulique, d’électronique et de datas. C’est génial de pouvoir analyser les données des autres équipes. Les réponses sont dedans, il faut les trouver. J’ai vraiment adoré. En olympisme, on n’a pas la possibilité d’analyser les navigations. C’est ce qui me manquait. Si tu travailles beaucoup, tu ne peux que progresser ». Fort de cette expérience enrichissante, il commence à naviguer avec Team Tilt en GC32, avant d’intégrer l’équipe suisse de SailGP. Et en septembre dernier le France SailGP Team, où il rejoint Manon Audinet, entre autres. « On a toujours navigué l’un contre l’autre. C’est super de pouvoir naviguer avec elle, de voir comment elle se comporte sur un bateau. On est assez fiers de faire SailGP ensemble », ajoute celui qui vit désormais à Barcelone avec sa compagne et son fils.
Dans la foulée, Jason rejoint Orient Express Racing Team. Un rêve qui se concrétise pour lui. « L’America’s Cup fait partie de l’histoire de la Nouvelle-Zélande. J’ai plein de souvenirs de la compétition. Je regardais les régates à la maison, en rentrant de l’école, et je rêvais d’y participer un jour. Je suis aussi très heureux d’avoir rejoint le projet français, qui est très performant. Ça me donne les moyens de pouvoir progresser et l’opportunité de naviguer sur des bateaux incroyables. Dans chaque équipe, beaucoup de marins sont issus de l’olympisme. C’est sympa de les retrouver ». Quand il n’est pas àbord de l’AC40, Jason navigue toujours un peu en wingfoil et fait du trek et du vélo avec Manon. Et consacre beaucoup de temps à son fils.
Son meilleur souvenir de l’America’s Cup : « la victoire de la Nouvelle-Zélande en 2000, face aux Italiens. Je l’ai suivie à fond. Il y avait une super ambiance. Tout le monde avait acheté des chaussettes rouges pour soutenir l’équipe. Tout le pays était derrière elle, même ceux qui ne suivaient pas la voile habituellement. »
Sa devise : « on mérite ce que l’on a dans la vie. Je crois un peu au karma. Si on fait quelque chose de bien, si on est bon ou gentil, des opportunités vont se présenter. J’ai de la chance, mais elle est méritée je pense. ».